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Theory of the Earth Volume Ii Part 17

Theory of the Earth - novelonlinefull.com

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La ville de Santa Fee de Bogota, capital du nouveau royaume de Grenade, a environ 4 degres de lat.i.tude N. et 304 de longitude, prise de l'ile de Fer, est situee au pied et sur le penchant d'une montagne escarpee qui la couvre a l'est; elle domine une plaine de douze lieues de largeur sur une longueur indeterminee et tres considerable, qui presente toute l'annee le riant tableau des plus belles campagnes de l'Europe: les coteaux toujours verts ou les troupeaux bondissent, les prairies couverts de betail, les champs bien cultives, les maisons de campagne agreables, les hameaux, les villages, les vergers, les jardins, montrent a la fois, les fleurs du printemps et les fruits de l'automne, que l'abondance des pluies ou les secheresses r.e.t.a.r.dent ou avancent quelquefois mais dont l'eternelle duree bien loin d'inspirer le plaisir, et d'offrir l'attrait piquant de la nouveaute qui fait le charme de ces saisons dans nos climats, amene bientot l'indifference pour une beaute toujours le meme, pour des agremens qui ne changent pas.

Ce climat est d'ailleurs si etrange et tellement const.i.tue, que quand on est au soleil, on se trouve bientot incommode de sa chaleur; est on a l'ombre? on se sent penetre d'un air subtil et froid qui transit.

A trois lieues a-peu-pres a l'ouest de la ville, pa.s.se la riviere de Bogota qui, apres avoir recu les eaux de toute la plaine, la riviere de Serrefuela et les torrens qui se precipitent de la chaine de montagnes, dirige son cours paisible vers Tekendama a sept ou huit lieues au sud-est a-peu-pres; c'est-la que ces eaux ra.s.semblees coulent entre une suite de rochers granitiques, dont le plain incline accelere leurs vitesse; elles n'offrent bientot plus qu'un courant rapide, etroit et profond qui, au moment de sa chute, rejaillit sur un rocher place plus bas que son lit, d'ou il tombe dans une abime dont on n'a pu jusqu'ici mesurer la profondeur; c'est la cataracte ou saut de Tekendama.

Des trous pratiques dans le roc par les anciens aux endroits les plus commodes pour voir toute l'etendue de cette chute prodigieuse, donnent le moyen d'observer sans risque la continuation des rochers qui s'avancent a droite et a gauche et annoncent par leurs hauteur qu'avant le pa.s.sage que les eaux semblent avoir force, la plain de Santa Fee n'etoit alors qu'un lac d'une tres-grand etendue: une tradition constante du pay, mais peu vraisemblable, porte que les Indiens ont creuse cette espece de ca.n.a.l.

Il y a quelques-uns de ces trous d'ou l'on voit confus.e.m.e.nt le lieu ou finit cette chute d'eau effroyable; la riviere qui en provient n'offre plus qu'un foible ruisseau, dont le cours presqu'insensible se perd parmi les plantes qui croissent sur ses bords; ainsi disparoissent dans l'eloignement les ma.s.ses les plus enormes: quelques especes de perroquets et d'autres oiseaux de pays chauds, qui habite cette vallee profonde et inabordable de ce cote, s'elevent a.s.sez quelquefois pour pouvoir etre remarques d'en-haut; mais le froid subit de ces montagnes qu'ils craignent, est une obstacle invincible qu'ils ne franchissent jamais: pour jouir commodement de ce point de vue, a la fois admirable et effrayant, il faut choisir un jour calme et serein, entre sept a huit heures du matin.

Il est necessaire de prendre un long detour et cheminer pendant toute une journee, presque toujours a travers des rochers et des precipices, pour parvenir au pied de cette cataracte; on est alors etrangement surpris de voir que cette riviere a peine sensible d'en haut, soit encore un torrent prodigieux, dont la chute en cascades dans une angle de 45 degres, offre pendant l'es.p.a.ce d'une grande demie lieue des amas de rochers enta.s.ses au hazard, que frappe et detruit sans relache le plus bruyant conflict des eaux; c'est apres cet es.p.a.ce que le courant, devenu plus paisible permet encore de comparer la riviere de Bogota a ce qu'est la Seine dans l'ete.

Un phenomene bien extraordinaire et qui sert en meme tems a donner la plus haute idee de l'etendue prodigieuse de cette cataracte, c'est que sa chute commence dans un pays tres-froid ou il gele souvent pendant la nuit, et finit dans un autre ou la chaleur, egale a nos beaux jours d'ete, offre la vegetation prompte et facile de toutes les plantes des pays chauds: seroit-ce le pa.s.sage subit de l'air du chaud au froid qui occasionneroit ces gelees blanches, a-peu-pres comme celles qui ont lieu dans nos climats aux approche de l'hiver et a l'entree du printemps? car on en eprouve rarement dans la plane.

Une autre particularite remarquable de ce pays, c'est le defaut de poisson dans toutes les rivieres qui l'arrosent: on en trouve cependant dans celle de Bogota ou les autres rivieres viennent se rendre; mais c'est une seule espece tres-peu abondante, que les Espagnols appellent el Capitan, ou le capitaine; la plus grande longueur de ce poisson est d'environ un pied, sur six pouces de grosseur; il vit dans les eaux troubles et vaseuses de cette riviere, et jamais dans les eaux claires; il est gras et excellent a manger: son genre est celui de la _mustelle fluviatile de France_ et le _Gades_ de Linne.

Il est certain cependant que les poissons de toutes les sortes abondent dans les grandes rivieres de l'Amerique meridionale et notamment dans celle de la Magdelaine; ne pourroit-on pas supposer d'apres cela, que puisque toute communication des eaux de tout le pays eleve de Santa Fee est interrompue avec cette derniere par le saut de Tekendama, ces memes eaux n'ont pu en etre peuplees comme celle-ci paroissent avoir ete, au moins en partie, par la mer. Ce meme defaut de poisson se remarque dans la plus part de lacs et des rivieres des Cordilleres, probablement par une cause semblable; il n'y en a point dans les deux lacs a.s.sez etendus qui sont pres de la ville d'Hyvarra dans la province de _Quito_, non plus que dans les rivieres de la province de Pastos.

On peut objecter qu'une temperature toujours froide comme celle de Santa Fee, joint a la limpidite et la rapidite des torrens des Cordilleres, suffisent pour ecarter les poissons, de meme que cela arrive dans plusieurs rivieres de l'Europe.

Cette objection seroit vraie pour la plupart des torrens des Cordilleres, mais on observera que la riviere de Bogota quoique froide, est presque stagnante dans bien des endroits, et coule toujours sur de la vase qui en rend les eaux bourbeuses; il est a presumer que, s'il etoit possible d'y tranporter des poissons de nos rivieres, ils y reussiroient aussi bien que les autres productions de l'Europe qui se sont naturalisees dans ce pays. Quant a la temperature constante froide de ces eaux, qui pourroient paroitre s'opposer au developpement des oeufs du poisson qui habite les rivieres des pays chauds, on y respondra par le fait suivant.

A vingt lieues environ au nord de Santa Fee a la meme elevation et a la meme temperature, est un grand lac ou l'on trouve des iles habitees, et qui en a paru a.s.sez grand pour etre indique dans les cartes geographiques, si on en savoit les dimensions; c'est le lac de Chiquinquira a.s.sez poissonneux pour y faire des peches abondantes, parce que la riviere qui en sort n'est pas interrompue par des sauts dans son cours jusqu'a la riviere de la Magdelaine; cependant les especes de poissons qu'on trouve dans ce lac ne sont pas aussi variees que dans cette grande riviere, sans doute a cause de la rapidite du courant, que le poisson ne remonte pas egalement bien.

Lorsqu'on gravit sur les montagnes escarpees qui dominent la ville de Santa-Fee, on ne rencontre, depuis leur base jusqu'a leurs sommets, termines par des rochers de granite, que des bruyere, des fougeres, quelques plantes sauvages, etc. et pas un arbre qu'on puisse seulement appeler un boisson excepte dans quelques gorges a l'abri de courans d'air, ou l'on en voit quelques-uns dont les plus grands, n'egale pas nos prunieres; cette vegetation engourdie parait etre due au froid vif et continuel qu'il fait sur ces montagnes; car plus on monte, moins elle se developpe, et enfin finit par cesser tout-a-fait: on remarque a la moitie de la hauteur d'une de ces montagnes (a une demi-lieue a peu-pres de la ville) une mine de charbon de terre en filon que renferme une rocher entrouvert, dans une situation verticale[27], les torrens y roulent de l'or.

[Footnote 27: Here is an evidence that those vertical strata, now elevated into the highest stations upon the earth; had been formed originally of the spoils of the land, and deposited at the bottom of the sea.]

Si l'on descend dans la plaine, si l'on remonte sur les collines, toutes a-peu-pres de la meme hauteur qui sont entierement separees des montagnes voisines, et situees dans la direction ou courant des rivieres, on remarque ais.e.m.e.nt qu'elle sont les restes d'une plaine anterieure que les eaux ont degradee. Au lieu de ces forets, et de ces boissons qui surchargent bientot nos campagnes lorsque la main de l'homme cesse de les cultiver, un gazon touffu couvre la plaine et les collines de Santa-Fee d'une verdure agreable sans nul arbrisseau qui puisse en alterer l'uniformite, ou les graminee, le plantain, le scorconnaire, le trefle, le marrube, la pimprenelle, le pourpier, la patience, le chardon, le raifort, le cresson, la chicoree sauvage, la jonquille, la marguerite, le fraisier, la violette, le serpolet, le thym, et mille autres plantes d'Europe et particulieres a ce pays, offrent les varietes les plus piquantes par la beaute des fleurs et I'odeur de leurs parfums; des rochers qu'entourent le rosier ou la ronce, et quelques cavernes que le hazard presente sur ces memes collines, en rendent l'aspect pittoresque et delicieux.

Here is a picture of a country such as we might find in Europe; only it is placed under the line, and elevated above the highest of the frozen summits of the European Alps. We may observe that the same order of things obtains here as in every other place upon the surface of this earth; mountains going into decay; plains formed below from the ruins of the mountains; these plains ruined again, and hills formed in their place; rivers wearing rocks and breaking through the obstacles which had before detained their waters; and a gradual progress of soil from the summits of the continent to the border at the sea, over the fertile surface of the land, successively destroyed and successively renewed.

Here are to be observed two states of country along side of each other, the plain of the Bogota, and the Valley of the Madalena. The courses of the two rivers show the direction of those ridges of mountains which had been raised from the deep; they run south and north, as do those valleys which they drain. At this place we find the valley of the river Cauca, and the valley of the Magdalena parallel to each other, and also to this high plain of the Bogota. Now the waters of this high country, instead of running northward to the sea, as do those of the two valleys below, run both from the south and north until, uniting together, they proceed westward, break the rampard of granite rocks at Tekendama, and fall at once from the high plain down into the valley of the Madalena. Those water formed plains which we perceive subsisting at unequal levels immediately adjoining to each other, while they present us with a view of the degradation of the elevated earth, at the same time ill.u.s.trate the indefinite duration of a continent; for, we judge not of the progress of things from the actual operations of the surface, which are too slow for the life of man, and too vague for the subject of his history, but from the state of things which we contemplate with a scientific eye, and from the nature of things which we know to be in rule.

In like manner the horizontal situation of the solid strata in the mountains of that low country, while those of the high country are more or less inclined, afford the most instructive view of the internal operations of the globe, by which the Andes had been raised from the bottom of the sea, and of the external operations of the earth by which mountains are formed by the wasting of the elevated surface.

With this description of those high plains upon the north side of the line, let us compare what D. Ulloa has said upon the same subject in describing the continuation of that high country to the south. I shall give it from the best French translation.

It is after describing a cut or narrow ravine in the solid rock with perpendicular sides, about forty yards deep, in which a rivulet runs and the road pa.s.ses.

Cette excavation est, en pet.i.t, une modele des vastes _Quebradas_ ou profondeurs, et fait comprendre leur origine: elles ne pouvoient etre que semblables a celle-ci: tout s'y est pa.s.se de meme, ou plus tot ou plus tard. Les flancs en ont ete plus ou moins perpendiculaires, jusqu'au moment ou ils se sont affaissees, et ont forme des plains inclines, lorsque l'eau faisant de plus profondes excavations, eut mine la base qui les soutenoit. Ne pouvant plus alors perseverer dans leur premier etat, les terrains ont croule, et ont pris l'inclinaison qu'ils ont conservee depuis. La meme chose arrivera necessairement a ce pa.s.sage de _Conaca_ lorsqu'avec le laps du tems, les effets des pluies, de gelees, des rayons solaires, auront fait tomber en ruine ces parois, quoique de roche rive; car ses agens puissans font sentir leur energie aux corps les plus durs. Ainsi les bords du _Chapilancas_ perdront insensiblement la regularite de leur distance, de leurs cotes rentrans et saillans, apres l'avoir peut-etre conservee plus long tems que d'autres excavations, parce que c'est une pierre dure, qui n'est melee d'aucune veine de terre movible. Nous pouvons le croire sans hesiter; car ce n'est que le seul frottement de l'eau qui a excave ce lit jusqu'a la profondeur qu'il a. Mais le tems, qui reduit les roches les plus dures en sablon, ira toujours en elargissant la partie inferieure, par son action continuelle et insensible: aussi voit-on ce ruisseau rouler de pet.i.tes pierres qui se detachent sous les eaux, comme on en appercoit dans la plaine ou il les entraine, en sortant de la montagne, pour se decharger dans une terrain plus spatieux.

Que ce ca.n.a.l ait ete excave a cette profondeur par l'effet continuel du frottement des eaux, ou qu'il a ete ouvert par une secousse de tremblement de terre qui fit fendre la montaigne, de sorte que le ruisseau qui couloit d'un autre cote, se soit jette de celui-ci. il est certain que cette ouverture profonde est posterieure a l'arrangement que les terrains eurent apres le deluge; et que c'est ainsi que ces enormes _Quebradas_ de la partie meridionale de l'Amerique, se sont formees avec le tems, par le frottement du cours rapide des eaux. En effet, on observe que la force avec laquelle s'ecoulent toutes les eaux de cette partie du globe, suffit pour arracher des roches d'une ma.s.se extraordinaire. C'est pourquoi l'on voit en certaines parages des marques evidentes de leurs excavations profondes au milieu meme des lits de ces eaux. Ce sont des cubes d'une grandeur enorme, qui n'ont pu etre detaches avec la meme facilite que les parties contigues. La riviere _d'Iscutbaca_, qui coule pres d'une hameau de meme nom, nous presente dans son lit une de ces ma.s.ses, dont la forme est precis.e.m.e.nt celle d'une cube. Lorsque l'eau est ba.s.se, ce cube s'eleve a sept ou huit _varas_ au-dessus du courant: chaque cote porte douze _varas_ de face.

Mais ces ma.s.ses, et autres moindres de differentes formes, qui se voient dans les eaux, ne peuvent etre arrivees a cet etat, sans que l'eau les ait degarnies peu-a-peu des pierres, des sables que les envelopoient, et qu'elle a arraches de tous cotes pour les laisser isolees; or elles se maintiendrons dans cette position, jusqu'a ce que les eaux, cavant de plus en plus, rencontrent enfin a la base des veines de matieres friables et dissolubles, qu'elles penetreront et qu'elles emporteront, en detruisant l'a.s.siette sur laquelle posent ces ma.s.ses jusqu'alors _inamovibles_. Une crue d'eau considerable, et qui ne laissera plus paroitre qu'une _varas_ de cette ma.s.se, pourra dans ce tems-la l'arracher, et la faire rouler; mais ce mouvement, et les chocs qu'elle eprouvera de la part d'autres ma.s.ses moins grosses, suffiront pour en briser les parties saillantes, et la reduire en parties moins volumineuses, qui rouleront avec plus de facilite; et qui par cette seul cause diminueront encore. C'est a cette cause qu'on doit attribuer ces quant.i.tes prodigieuses de pierres repandues ca et la sur les bords de ces eaux, de meme que ces roches enormes qu'on y voit detachees, et que jamais les forces humaines n'auroient pu mettre en mouvement.

Mais pour donner une idee quelconque de la profondeur de ces excavations, relativement au terrain ou au sol habitable de la partie haute de l'Amerique, il est a propos de rapporter quelques experiences.

Guancavelica est une bourgade, ou un corps munic.i.p.al, situe dans une de ces profondeurs, formees par differentes suites d'eminences. Le mercure du barometre y descend, et s'arrete a dix-huit pouces une ligne et demie. Sa plus grande variation y est de 1-1/4 a 1-3/4. Sa hauteur est donc de 1949 toises, ou 4536-2/3 _varas_ au-dessus du niveau de la _mer_. Au haut du mont ou se trouve la mine de mercure, mont qui est habitable par-tout, et qui est immediatement surmonte par d'autres, autant qu'il s'eleve au-dessus de Guancavelica, le mercure descend et s'arrete a 16 pouces 6 lignes. Sa hauteur est donc de 2337-2/3 toises, ou de 5448 varas au-dessus du niveau de la mer. Ainsi les eaux ont encore fait cet autre excavation comme il est facile de le voir par des indices manifestes. On remarque en effet dans la partie voisine de leur lit, des roches detachees, toutes semblables a celles qui sont au milieu des eaux; ce qui prouve que les eaux ont ete au meme niveau a une epoque beaucoup plus ancienne, et qu'elles ont excave le sol, a force d'en arracher les parties agregees.

Ces terrains sont couverts par un si grand nombre de courans, qu'il n'en est aucun ou l'on n'en apercoive, soit dans des ravins, soit entre des montagnes. J'ai observe que la superficie des terrains qui en avoisine les lits, est plus unie aux confluens, ou plusieurs de ces courans se reunissent. Cela vient de ce que l'eminence, qui se trouve au confluent, paroit avoir ete diminuee a la partie ou elle a du former une pointe saillante, a mesure que les eaux l'ont rongee de l'un ou de l'autres cote, en continuant leurs excavation. Ces surfaces planes sont comme par etages, les unes plus hautes que les autres, et se sont insensiblement formees, selon que l'eau s'est plus ou moins arretee a differente hauteur, pendent qu'elle creusoit ces lits. On observe, au contraire, que les bords eleves dans ces courans, n'ont presque point de largeur dans les endroits ou l'eau a pu suivre son cours tres-directement. C'est cependant sur ces bords etroits et escarpees que se trouvent pratiques les chemins par ou l'on pa.s.se. Le danger y est tres grand: car a peine un animal peut-il poser le pied. Toutes les fois que le courant fait un detour, la surface des bords a plus de largeur; cependant moins que lorsque plusieurs se reunissent. Un voit facilement pourquoi. L'eau forcee de se detourner, s'eloigne plus de la rive que quand elle va en ligne droite, et ronge ainsi le cote saillant sur lequel elle fait son detour, et qui en devient comme le centre.

On peut conclure de ce que je viens de dire, a quelle elevation est la partie haute ou montagneuse de l'Amerique, relativement a la partie ba.s.se, et qu'il y a des excavations extremement profondes; car elles ont, comme je l'ai deja dit, 1769-2/3 varas perpendiculaires, ou meme d'avantages: cependant elles ont a.s.sez de surface pour devenir le local de nombre d'habitations fort peuplees, qui en tirent tous les produits necessaires a la vie. Parmi ces _Quebradas_, il en est de plus etendues ou de moins profondes que les autres. Or, c'est en ceci que cette partie du monde se distingue de toutes les autres.

Mais il est indifferent pour mes vues que ces vastes ouvertures soient l'effet des courans d'eau, ou de toute autre cause. Ce que je me propose, est uniquement de montrer qu'elles sont d'autant plus profondes et plus vastes, que ces terrains sont immens.e.m.e.nt hauts.

M. Monnet considers the natural operations of water, upon the surface of the earth, as truly forming the shape of that surface; but he draws some very different conclusions from those which I have formed. It is in his _Nouveau Voyage Mineralogique, fait dans cette partie du Hainault connue sou le nom de Thierache._ Journal de Physique, Aoust 1784.

Il ne faut pas s'attendre a trouver dans ce pays des hautes montagnes qui frappent la vue de loin; c'est seulement un pays dont l'elevation est generale sur tout ce qui l'entoure, et est coupe profondement par des vallees ou ravin, ouvrage des eaux, qui, la comme ailleurs, ont use et coupe peu-a-peu les terrains et les roches les plus dures, pour s'ouvrir un pa.s.sage; et peut-etre pourroit-on dire; si la diminution des eaux n'etoit pas trop sensible, qu'un jour ce pays offrira des montagnes hautes est escarpees comme tant d'autres, apres que les eaux auront creuse, pendant des milliers de siecles, ses gorges, ses ravins, et diminue la largeur des ma.s.ses de terrain qui sont entr'eux.

Quant a present, on ne peut y voir que de pet.i.tes montagnes, ou plutot des bosses de terre, avec des platures plus ou moins considerables a leurs sommets, avec de cotes coupees plus ou moins obliquement, ou plus ou moins droites. Ce qu'on y trouve de singulier c'est que ces pet.i.tes montagnes sont presque toutes plus ba.s.ses que les plaines qui les avoisinent, encore ne sont elles que dans la partie calcaire.

La plus profonde tranchee de ce pays est, sans contredit, celle ou coule la Meuse, qui, malgre la durete des roches d'ardoise et de quartz au travers desquelles elle pa.s.se, a coupe le terrain depuis Charleville jusqu'a Givet, a une tres-grande profondeur. Dans cette distance, on voit presque par-tout les cotes coupees presque a pic sur la riviere, de deux a trois cents pieds de hauteur perpendiculaire; et comme c'est une regle generale, que plus les cotes sont coupees droites, moins elles sont distantes l'une de l'autre, on concoit que le ca.n.a.l de la Meuse, dans cette etendue de terrain, doit etre fort etroit, eut egard a beaucoup d'autres ou il coule un bien moindre volume d'eau. Cela n'empeche pas qu'on n'y apercoive des marques de la regle general que fait l'eau, et n'y ait taille des angles saillans et des angles rentrans, qui sont tres-grands en certains endroits. Nous verrons que Revin et Fumai, deux lieux princ.i.p.aux des bords de la Meuse, sont situes sur deux de plus grandes de ces ouvertures ou se trouvent des platures a.s.sez vaste pour permettre, outre un emplacement considerable pour les maisons, l'etabliss.e.m.e.nt de beaucoup de jardins, et meme des pieces a grain et des prairies. Aussi, quand on arrive sur la tranchee de la Meuse, les lieux et les terrains cultives qu'on voit dans son fond, paroissent comme separes sous les autres et comme dans un autre pays.

Les autres coupures ou ravins de ce pays, quoique moins profonds, offrent cependant cette singularite, remarquee deja ailleurs, que leurs grandeurs et profondeur ne sont point du tout proportionnees au volume de l'eau qui y coule.

Le ma.s.sif sur lequel est situe Beaumont, est coupe presque perpendiculairement a l'ouest, sud-ouest et cette coupe en fait de ce cote-la un rempart inaccessibles, ayant plus de 100 pieds de hauteur.

Quand j'ai considere cette grande coupe, et le detour que fait la pet.i.te riviere qui coule au bas de ce ma.s.sif, je n'ai pus me refuser a croire qu'il n'y avoit en la un bien plus grande courant d'eau, qui a battu et mine ce ma.s.sif, en s'y brisant avec force; car on ne peut supposer, avec quelque vraisemblance, que cet ouvrage ait ete fait par le volume d'eau qui y coule actuellement: et il ne faut pas s'etonner de ce disparate; par-tout vous le trouverez; ce qui demontre evidemment que la quant.i.te d'eau diminue insensiblement, et que la partie solide de notre globe augmente a proportion que la partie liquide diminue; et s'il faut encore etendre ce principe, j'ajouterai, que par-tout vous verrez les bornes de la mer et des rivieres reculees; par-tout vous trouverez d'anciens courans d'eau desseches, et meme des rivieres considerables, a en juger par les collines ondulees qu'on voit encore. Mais cette partie essentielle de la mineralogie qui est effrayante par les consequences qu'elle presente, et qui peut influer sur le systeme general du monde, sera etendue un jour dans un autre memoire, ou je decrirai d'anciens cours de rivieres de la France, qui n'existent plus. J'espere fair voir alors, appuye par les faits que me fournira l'histoire, que les rivieres et les fleuves actuels ont ete plus volumineux qu'ils ne le sont maintenant, et qu'il existoit en France un grande nombre de vastes lacs, comme dans l'Amerique Septentrionale, et dont a peine il nous reste des traces aujourd-hui.

This opinion of M. Monnet, concerning the diminution of water upon the earth, does not follow necessarily from those appearances which he has mentioned. The surface of the earth is certainly changed by the gradual operations of the running water, and it may not be unfrequent, perhaps, to find a small stream of water in places where a greater stream had formerly run; this will naturally happen upon many occasions, as well as the opposite, by the changes which are produced upon the form of the surface. Likewise the conversion of lakes into plains is a natural operation of the globe, or a consequence of the degradation of the elevated surface of the earth, without there being any reason to suppose that the general quant.i.ty of running water upon the land diminishes, or that the boundaries of the various seas are suffering any permanent removal.

Whether we examine the Alps in the Old World, or the Andes in the New, we always find the evidence of this proposition, That the exposed parts of the solid earth are decaying and degraded; that these materials are hauled from the heights to be travelled by the waters over the surface of the earth; and that the surface of the earth is perpetually changing, in having materials moved from one place and deposited in another. But these changes follow rules, which we may investigate; and, by reasoning according to those rules or general laws, upon the present state of things, we may see the operation of those active principles or physical causes in very remote periods of this mundane system, and foresee future changes in the endless progress of time, by which there is, for every particular part, a succession of decay and renovation.

CHAP. XIII.

_The same Subject continued._

The Chevalier de Dolomieu, in his most indefatigable search after natural history and volcanic productions, has given us the description of some observations which are much calculated to put this subject in a conspicuous point of view. I give them here as examples of the operation of water wasting the land and forming valleys in a system where every thing is tending to the wisest end or purpose; but they are no less interesting as proper to give us a view of the mineral operations of the globe. That therefore which, according to the order of the subject, ought to be cited in another part of this work, is here necessarily mixed in the narrative of this natural historian.

There is, upon this occasion, such a connection of the facts by which the mineral operations of the earth, either consolidating the materials deposited at the bottom of the sea, or elevating land by the power of subterraneous heat, are to be understood, and of those by which the operations of the surface are to be explained, that while they cannot be separated in this narration, they throw mutual light upon each other.

It is in his Memoire sur les Volcans eteints du Val di Noto en Sicile.

Journal de Physique, Septembre 1784.

Je trouvai les premiers indices de ces volcans, en allant de Syracuse a Sortino, a une lieue de cette ville, au fond du profond vallon qui y conduit. Quelques morceaux de laves entraines et arrondis par les eaux m'annoncerent d'avance que j'allois entrer dans un pay volcanique. Mon attention se fixa bientot apres sur un courant de laves que je vis sortir d'une montagne calcaire qui etoit sur ma droite, il etois coupe par une vallon dont les eaux couloient sur un sol calcaire, et alloit se perdre dans le ma.s.sif egalement calcaire qui etoit sur ma gauche.

Je pa.s.sai en suite alternativement sur des matieres calcaires et volcaniques, pour arriver a Sortino, ville baronale batie sur une montagne calcaire qui domine la vallon, et qui lui presente des escarpemens de plus de 200 toises d'elevation, dans lesquels les banc de pierres dure sont horizontaux, et exactement paralleles.

Here, it is to be observed, are horizontal beds remaining, which give a measure of what had been abstracted by some cause, which is our present subject of investigation. The Chevalier proceeds:

Les environs de Sortino m'offrirent des phenomenes et des singularites dont l'explication me parut difficile, et qui tinrent pendant longtemps mon esprit en suspens. Je vis d'abord les matieres volcaniques ensevelies sous des bancs horizontaux de pierres calcaires, tres-coquillieres, contenant sur-tout une infinite de madreporites, quelques-uns d'un volume enorme. Je vis ensuite des hauteurs dont les sommets seuls etoient volcaniques, et les noyaux calcaires, sans que les laves qui couronnoient ces sommets eussent communication avec aucun courant, et eussent d'autre etendue que le plateau qu'elles recouvroient. Ces laves n'avoient pu etre formees ou je les voyois; elles etoient venues d'ailleurs; mais d'ou et comment? etc. Je me determinai a consulter les montagnes les plus hautes, qui etoient a quelque distance. J'en vis de loin plusieurs dont la forme etoit a peu-pres conique, et dont les sommets etoient pointus; elles etoient vers le nord, ou nord-ouest de Sortino, dans la direction de l'Etna, qui terminoit mon horizon, a une distance de 13 ou 14 lieues, etc.

La montagne Saint-George, une des plus hautes de tout le canton du sommet de laquelle je pouvois prendre une idee topographique de tous le pays, qui domine tout ce qui entoure, a l'exception de quelques pics calcaires qui lui sont au sud; (tel que celui de la montagne de Boujuan); cette montagne, dis-je, dont la forme est conique, et qui est isolee par des vallees, dont le sol lui etoit sur-abaisse de 3 ou 400 toises, a sa base calcaire. Sur cette premiere a.s.sise repose une couche volcanique, ensuite une autre tranche volcanique calcaire, a laquelle succede un sommet forme d'une lave dure. Une autre montagne aupres du fief de la Copodia, egalement conique, est toute volcanique, a l'exception d'une couche de pierre calcaire dure et blanche, qui la tranche a moitie hauteur parallelement a sa base. Quelques montagnes ou les couches volcaniques ou calcaires sont plus ou moins nombreuses. La montagne de Pimalia est volcanique a sa base et calcaire a son sommet; et enfin la montagne isolee sur laquelle est batie la ville de Carientini est moitie calcaire et moitie volcanique: mais ici la division des deux substances se fait par un plan verticale, etc. Apres etre arrive a cette limite des volcans, dont je poursuivois le foyer, je pris du cote de l'est; je suivis jusqu'a Melilli les hauteurs qui accompagnent la vallee de Lentini, et qui dominent la plaine d'Auguste; et cheminant a mi cote je vis deboucher du milieu des montagnes calcaires, qui, reunies par leur base, ne forme qu'une meme groupe, sous le nom de monts Hybleens, _Colles Hyblei_, plusieurs courans de lave qui se terminent comme s'ils avoient ete coupes sans avoir eu le temps de descendre dans la vallee, et de s'incliner pour en prendre la pente.

Plusieurs de ces courans sont cristallises en basaltes prismatiques; on en voit de tres-belles colonnes au-pres de Melilli. Au dela de cette ville jusqu'a Syracuse, on ne voit plus de traces de volcans, et les escarpemens en face du golfe d'Auguste n'offrent qu'un ma.s.sif calcaire en bancs horizontaux, etc.

Je revins a Sortino, et en allant visiter l'emplacement de l'ancienne Erbessus, connue maintenant sous le nom de Pentarica, je traversai deux gorges d'une extreme profondeur, dont les encaiss.e.m.e.ns, tailles presque a pic, ont plus de 600 pieds d'elevation, etc.

The Chevalier then found, in the mountain of Santa Venere, an extinct volcano; and proceeds in his Memoir to give some explanation for those appearances, as follows:

Je ne pus pas douter que cette montagne ne fut le volcan que je cherchois, et qui avoit repandus ses laves a une tres-grande distance autour de lui, sur-tout dans la partie de l'est; mais il me restoit a resoudre le probleme de la formation des montagnes isolees et coniques, mi-parties volcaniques et calcaires, qui ne tiennent a aucune courant, et qui sembloient n'avoir aucune relation directe avec mon volcan.

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