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Philip Gilbert Hamerton Part 23

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"Je suis alle voir George Eliot et Lewes qui a ete charmant; il est venu s'a.s.seoir a cote de moi ou il est reste tout le temps de ma visite, et lorsque je suis parti, il s'est beaucoup plaint de ne pas me voir davantage. Il me traite d'une facon tres affectueuse, et en meme temps avec un respect qui, venant de lui, me flatte beaucoup. Quant a George Eliot elle est tres aimable, mais elle a le defaut de rester toujours a.s.sise an meme endroit, et quand il y a du monde, la seule personne qui puisse causer avec elle, est son voisin. Quand j'y retournerai, je m'installerai aupres d'elle, parce que je tiens a la connaitre un peu mieux. J'y ai rencontre Mr. Ralston qui s'etait a.s.sis modestement un peu en dehors du cercle ou j'etais et pendant tout le temps de sa visite, il n'a presque rien dit et c'est a peine si on lui a parle. J'ai trouve ces arrangements mauvais. Les gens qui recoivent doivent souvent changer de place, de facon a causer avec tous leurs visiteurs.

"Lundi dernier j'ai dine chez Mr. Craik--le mari de l'auteur de 'John Halifax.' Il habite un charmant cottage a Beckenham, un endroit a quatre lieues de Londres ou il vient tous les jours en chemin-de-fer. Tu sais qu'il est l'a.s.socie de Macmillan. Nous avons pa.s.se une soiree fort agreable; c'est un homme tres cultive, qui autrefois etait auteur, et qui a occupe une chaire de litterature a Edimbourg. Sa femme, quoique celebre, est simple et tres aimable; elle m'a dit que quand tu viendrais, elle desirait te connaitre.

"Mardi j'ai dine chez le Professeur Seeley, le frere de mon editeur; il a occupe la chaire de Latin a l'Universite de Londres. C'est l'auteur d'_Ecce h.o.m.o_. Macmillan m'ayant donne ce livre, je l'ai trouve tres fort comme style et d'une hardiesse etonnante. L'auteur est des plus sympathiques; il a des manieres charmantes--si modestes et si intelligentes, car les manieres peuvent montrer de l'intelligence.

J'aime beaucoup les deux freres, et dans le peu de temps que je les ai vus j'en ai fait des amis.

"Mercredi j'ai dine chez moi, ayant un article a ecrire. Jeudi chez Stephen Pearce. Vendredi chez Mr. Wallis, le marchand de tableaux. C'est un homme tres delicat et tres fin. Il avait invite Mr. Burgess, un artiste intelligent et agreable que j'avais deja rencontre au Salon de l'annee derniere. J'ai rencontre Tom Taylor a l'exposition. Wallis et nous avons cause quelque temps ensemble. J'ai rencontre Clifton et dine avec lui a son Club."

_"Lundi matin_.

"Je suis alle hier pa.s.ser le tantot chez Lewes, on a ete enchante de mes eaux-fortes. George Eliot s'est plainte de ne pas avoir a.s.sez cause avec moi a ma derniere visite, et m'a invite a prendre place a cote d'elle.

Nous avons parle d'art, de litterature et d'elle meme. Elle m'a dit que personne n'avait eu plus d'inquietudes et de souffrances dans le travail qu'elle, et que le peu qu'elle fait lui coute enormement.

"J'ai discute avec Lewes l'idee de faire la reimpression de mes articles, et il m'a conseille de ne pas le faire si je puis fonder un livre sur ces articles. J'avoue que je serais a.s.sez tente de faire un ouvrage serieux sur la peinture, pour lequel mes articles serviraient de materiel."

"_Samedi soir._

"J'ai dine hier soir chez Mr. Macmillan, nous etions seuls d'hommes. Il y avait sa femme, ses enfants, et une grand'mere. Il a une famille nombreuse, de beaux enfants. Sa femme est bonne, et si simple que j'ai rarement vu un comme-il-faut plus acheve sans etre de la distinction. La maison est tres s.p.a.cieuse et entouree d'arbres magnifiques. Ce qu'il y a de particulier dans cette maison, c'est un caractere intime et d'aisance ancienne. Macmillan a su eviter avec un tact parfait, tout ce qui pouvait rappeler le nouveau riche. On se croirait dans une grande maison de campagne, a cinquante lieues de Londres, et dans une ancienne famille etablie la depuis plusieurs generations.

"Nous avons pa.s.se toute la soiree ensemble. Il laisse entierement a mon jugement tout ce qui regarde l'ill.u.s.tration de mon livre. Ce que j'ai aime dans cette maison, comme dans toutes les personnes que j'y ai trouvees, a ete l'absence complete de toute affectation. Tout est h.o.m.ogene et je n'ai encore jamais vu une maison de campagne ayant cet aspect-la. Mon respect pour Macmillan s'est considerablement augmentee de ce qu'on ne rencontre chez lui aucune splendeur vulgaire: rien ne parle d'argent chez lui.

"La conversation a ete tres generale. Quand je suis parti, il m'a reconduit a travers un champ pour abreger mon chemin a la station. Il a chante quelques vieilles chansons avec beaucoup de caractere; j'ai chante un peu aussi--et pourtant je ne suis guere dispose a chanter.

Anne avait montre tant de contentement quand je suis alle la voir a Sheffield--et penser que je ne la reverrai plus. Je souffre aussi pour mon oncle, je me mets a sa place en pensant a ma pet.i.te Mary; si je la perdais plus tard!... et puis--et puis, tu sais comment viennent les idees noires, et combien un malheur vous en fait craindre d'autres."

"_Dimanche_.

"Je me sens de nouveau fatigue et cette fatigue semble persister. Il est bien possible que l'ennui et la nostalgie y soient pour quelque chose.

"Figure-toi qu'il y a une jeune _peintresse_ qui m'a ete recommandee, et dont la situation est bien precaire; j'ai eu la faiblesse de lui ecrire une pet.i.te lettre gentille et encourageante et me voila en b.u.t.te a des eclats de desespoir ou de reconnaissance; de reproches et de remerciements. Le plaisir de faire du bien a ceux qui souffrent est tel, que l'on voudrait s'en donner, et le critique est souvent tente de manger de ce sucre-la.

"Je ne regrette pas de m'etre etabli a Kew; il n'y a qu'une chose contre Kew, c'est que je n'y connais personne, tandis qu'a St. John's Wood j'ai plusieurs amis. Mais la solitude a aussi ses avantages et quand on voit du monde tous les jours, on peut bien pa.s.ser la soiree chez soi. Si la pet.i.te femme etait seulement ici, ce serait parfait."

"_Mardi_.

"Pet.i.te femme cherie qui a ete gentille puisqu'elle a ecrit deux lettres.

"Celle-ci est simplement pour te dire que mon repos a enfin produit son effet et que je suis rentre dans mon etat ordinaire. Aujourd'hui je me rends au Musee, et j'ai pu ecrire.

"Mon oncle est arrive hier soir, il partage mon salon, mais je lui ai loue une chambre-a-coucher dans la maison voisine. Il ne parait pas trop abattu; nous causons beaucoup et je tache de l'egayer autant que sa position le permet. Il est moins reserve qu'autrefois et me laisse voir davantage le cours de ses pensees qui vont souvent a ses filles et a sa femme. Je l'emmene aujourd'hui a l'Academie. Il y a une chose qui doit te ra.s.surer quant a l'etat de ma sante, c'est que je n'ai jamais ces sensations au cerveau dont j'ai souffert. Le cerveau n'est pas fatigue et en me reposant a temps, je repare rapidement mes forces. Ce qui est vraiment insupportable ce sont les separations, et j'ai bien de la peine a m'y resigner, et je ne m'y resignerais pas du tout si la peinture rapportait. Mais en mettant les choses au pis pour les affaires d'argent, j'espere que tu me verras toujours courageux et affectueux dans l'adversite; je me figure que depuis quelque temps j'ai appris a la supporter sans qu'elle puisse m'aigrir. Si je dois vivre de pommes-de-terre, ou meme mourir de faim, tu me verras toujours devoue jusqu'a la mort. Celles-ci ne sont pas de vaines paroles; je suis pret a les soutenir dans une pauvre cabane ou sur le lit d'un hopital."

"_Lundi_.

"T'ai-je dit que j'avais trouve ici-meme un locataire etudiant la botanique a 'l'herbarium' tous les jours, et qu'en nous promenant ensemble au jardin, les soirs, il m'apprend les noms des arbres qui ne sont pas indiques. J'ai aussi des fleurs sur ma fenetre: je t'en donne une. Je ne connais pas le langage des fleurs, mais si celle-ci ne te dit pas que je t'aime beaucoup--beaucoup--elle interprete bien mal mes sentiments.

"J'ai lu un peu du livre de Max Muller sur l'etude _comparative_ des langues. C'est excessivement curieux. Tu n'as aucune idee de combien l'etymologie est interessante quand elle est basee sur la connaissance de tant d'idiomes; on peut tracer la parente les mots d'une maniere etonnante; les changements dans la facon de les ecrire ont pour resultat de les denaturer tellement que nous avons beaucoup de peine a les reconnaitre sans _retracer_ toute leur histoire dans la litterature. Mr.

Max Muller retrace ainsi, d'une maniere ingenieuse, mais bien convaincante, l'usage des mots pour arriver a leurs racines primitives, et puis il forme des theories d'apres ces comparaisons--qui sont au moins toujours interessantes. Ce qu'il y a de remarquable c'est qu'on retrouve les memes mots dans les endroits les plus eloignes, des mots Anglais et Francais qui ont leur origine dans le Sanskrit; et de meme pour d'autres idiomes. Max Muller differe des philologues anciens en ceci que tandis qu'ils etudiaient seulement les langues cla.s.siques, lui trouve la lumiere et le materiel partout, meme dans le Patois: ainsi le Provencal lui a ete indispensable et bien d'autres langues encore que les amateurs des cla.s.siques negligent generalement."

This interest in languages grew with years. When at Sens, we studied Italian together, but my increasing deafness made me abandon it on account of the p.r.o.nunciation, whilst my husband, on the contrary, made it a point to read some pages of it every day, and even to write his diary in that language. Later still, he used to send to Florence some literary compositions to be corrected. After the marriage of his daughter, he used occasionally to ask his son-in-law, M. Raillard, for lessons in German, and had even undertaken to write, with his collaboration, a work on philology which was to have been ent.i.tled, "Words on their Travels, and Stay-at-Home Words," which his unexpected death cut short. In the afternoon of the day on which he died, as he was coming back home from the Louvre in a tram-car, he took out of his pocket a volume of Virgil, and read it the whole way. "I furbish up my Latin and Greek when on a steamer or in omnibuses," he said to me; "it prevents my being annoyed by the loss of time."

"_Jeudi soir_.

"Je suis retourne chez Seeley ou on m'a traite d'une facon tout-a-fait delicate; le Professeur est un des hommes les plus sympathiques que j'aie rencontres. Je t'en parlerai plus longuement de vive voix, et quant a son frere Richmond je n'ai jamais connu quelqu'un avec qui je m'entende aussi facilement. Il y a une chose bien charmante en lui, c'est que, bien qu'il soit a la tete d'une grande maison, il n'a jamais l'air presse et vous ecoute avec une patience parfaite.

"Ce que tu me dis de 'mon courage au travail et a la lutte' me paye pour bien des heures de besogne. Tout ce qui me decourage parfois, c'est ma faible sante qui m'oblige souvent a paraitre paresseux sous peine d'etre malade.

"Il me tarde tant de te revoir que je suis comme un pauvre prisonnier en pays etranger, loin de la Dame de ses pensees. Alors, tu sais, il faut m'ecrire et embra.s.ser les enfants pour moi."

"_Vendredi_.

"J'ai ete desole de ne pas pouvoir t'ecrire aujourd'hui; il est maintenant 1 h. du matin. Je vais _bien_, mais je suis accable de travaux et pourtant je veux partir bientot; je finirai a la maison.

Aujourd'hui j'ai termine mon article juste a temps pour l'impression.

Comme notre ane 'Je dors debout'; aujourd'hui je tombais presque de sommeil dans les rues de Londres.

"Les travaux sur l'eau-forte sont termines cette fois. a bientot!"

"22 RUE DE L'OUEST PARIS. _Lundi_.

"Je suis arrive hier a 5 h. du soir. _Je ne suis pas du tout fatigue_, ce qui semble indiquer une augmentation de force, car tu sais que les longs voyages me fatiguent generalement beaucoup. Je suis alle ce matin des 8 h. chez Delatre ou j'ai fait tirer mes planches. On fait le tirage de suite et les livraisons paraitront cette semaine.

"Quant a mes pauvres enfants, je suis desole de les savoir malades, mais ta lettre m'encourage a esperer qu'ils sont en bonne voie de convalescence. Tu as du avoir un temps difficile a pa.s.ser ainsi tout seule: chere pet.i.te femme, je crois que si j'y avais ete c'eut ete plus facile pour toi: les enfants de mon ami Pearce sont egalement malades de la scarlatine.

"Hier soir j'ai dine chez Froment [the artist who paints such beautiful decorative works for Sevres]; ce matin j'ai dejeune chez Froment, ce soir j'y dine, et ainsi de suite."

M. Froment had been most hospitable to both of us during our stay in Paris; he had given us a day at Sevres, and had shown us the _Manufacture_ in all its details. He was a widower, and inconsolable for the loss of his wife, whose memory was as sacred to him as religion. His two daughters were at home; the eldest watching maternally over the younger sister, who, however, died a few years later. M. Froment's feelings, perceptions, and tastes were exquisitely refined, and my husband derived both benefit and pleasure from the friendly intercourse.

In after years Gilbert met M. Froment occasionally, and found him always full of kindness and regard.

After nursing the children through scarlatina I caught it myself, and when my husband knew of it, he wrote:--

"I write just to say how sorry I am not to be able to set off _at once_, and be at your bedside. I shall certainly not be later than Sat.u.r.day. I am of course very busy, and have no time for letter-writing. I have seen Docteur Dereims to-day, and told him of your illness. He insists on the necessity of the greatest care during your convalescence. You must especially avoid _cold drinks_, as highly dangerous.

"Things are going on as I wish for my book on Etching. I am getting hold of plates which alone would make it valuable. Pray take care of yourself. I wish I were with you."

On the following day:--

"I am very sorry to hear you had such a bad night; but from all I can hear from Dr. Dereims you are only going through the usual course of the illness. I will be with you on Sat.u.r.day without fail. You may count upon me as upon an attentive, though not, I fear, a very skilful nurse. But I will try, like some other folks, to make up in talk what I lack in professional skill. I am tolerably well, but rather upset by this news from Pre-Charmoy. I could not sleep much last night.

"I am going to the exhibition to-day, and will be thinking of little wife all the time. I have met with a quant.i.ty of very fine paper for etching, of French manufacture, and have obtained Macmillan's authority to purchase it for the _text also_. It will be a splendid publication. I feel greater and greater hopes about that book.

"Only forty-eight hours of separation from the time I write."

The day after:--

"Enfin il y a bien peu de chose a faire a mes planches, et j'espere que dans un jour ce sera termine.

"J'ai beaucoup de choses a te dire mais ce sera pour nos bonnes causeries intimes. Je voyagerai toute la nuit de vendredi afin d'arriver samedi dans la matinee. Quand je pense a toi et aux enfants, a la pet.i.te maison, a la pet.i.te riviere et a tous les details de cette delicieuse existence que nous pa.s.sons ensemble, il me faut beaucoup de courage pour rester ici seul a terminer mon travail."

When my husband reached home, I was still in bed, and unwilling to let him come to me for fear of infection; but he would not hear of keeping away. "I never catch anything," he said gayly, "don't be anxious on my account;" and he insisted upon sleeping on a little iron bedstead in the dressing-room close to our bedroom, to nurse me in the night.

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Philip Gilbert Hamerton Part 23 summary

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