The Tales of Hoffmann - novelonlinefull.com
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MIRACLE (surgissant derriere elle.)
Tu ne chanteras plus. Sais tu quel sacrifice, S'impose ta jeunesse et l'as tu mesure?
La grace, le talent, don sacre, Tous ces biens que le ciel t'a livres en partage, Faut il les enfouir dans l'ombre d'un menage N'as tu pas entendu, dans un reve orgueilleux, Ainsi qu'une foret par le vent balancee, Ce doux fremiss.e.m.e.nt de la foule pressee Qui murmure ton nom et te suit des yeux?
Voila l'ardente joie et la fete eternelle Que tes vingt ans en fleur sont pres d'abandonner, Pour les plaisirs bourgeois ou l'ou veut t'enchainer Et des marmots d'enfants qui te rendront moins belle!
ANTONIA (sans se retourner).
Ah, qu'elle est cette voix qui me trouble l'esprit?
Est-ce l'enfer qui parle ou Dieu qui m'avert.i.t?
Non non ce n'est pas la le bonheur, voix mandite, Et contre mon orgeuil, mon amour s'est arme, La gloire ne vaut pas l'ombre heureuse ou m'invite La maison de mon bien aime.
MIRACLE.
Quels amours sont donc les votres?
Hoffman te sacrifie a sa brutalite; Il n'aime en toi que ta beaute, Et pour lui, comme pour les autres Viendra bientot le temps de l'infidelite.
(Il disparait.)
ANTONIA (se levant).
Non, ne me tente plus! Va-t-en, Demon! Je ne veux plus t'entendre.
J'ai jure d'etre a lui, mon bien aime m'attend, Je ne m'appartiens plus et ne puis me reprendre.
Et tout a l'houre encor, sur son coeur adore, Quel amour eternal ne m'a-t-il pas jure...
Ah qui me sauvera du demon, de moi-meme?...
Ma mere! o ma mere, je l'aime!...
MIRACLE (reparait).
Ta mere! oses tu l'invoquer?...
Ta mere? Mais n'est-ce pas elle Qui parle par ma voix, ingrate, et te rappelle, La splendeur de son nom que tu veux abdiquer?
(Le portrait s'eclaire et semble s'animer. C'est le fantome de la mere.)
Ecoute!
LA VOIX.
Antonia!
ANTONIA.
Dieu, ma mere, ma mere!
LE FANTOME.
Cher enfant, que j'appelle Comme autrefois, C'est ta mere c'est elle, Entends sa voix!
ANTONIA.
C'est elle.
MIRACLE.
Oui, c'est sa voix, l'entends tu?
Sa voix, meilleure conseillere, Qui te legue un talent que le monde a perdu!
LE FANTOME.
Antonia!
MIRACLE.
Ecoute elle semble revivre Et le public lointain de ses bravos l'enivre!
ANTONIA (se levant).
Ma mere!
LE FANTOME.
Antonia!
MIRACLE.
Reprends donc avec elle!...
(Il saisit un violon et accompagne avec fureur.)
ANTONIA.
Oui, son ame m'appelle Comme autrefois!
C'est ma mere c'est elle J'entends sa voix!